Jean-Claude Anaf, le commissaire-priseur incontournable de Lyon
- Mis à jour le 12 mars 2020 à 15h00
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Jean-Claude Anaf, le commissaire-priseur incontournable de Lyon
Figure incontournable dans le monde de la vente aux enchères, Jean-Claude Anaf est reconnu pour sa carrière exceptionnelle. Son parcours aussi atypique que sa personnalité a fait de lui l'homme influent qu'il est aujourd'hui.
Le célèbre Lyonnais d'adoption
Connu pour la renommée internationale qu'il a apporté à la ville de Lyon qui restait jusqu'alors très discrète dans le domaine des ventes aux enchères, Jean-Claude Anaf n'en est pourtant pas originaire.
Un amoureux de la province
Le commissaire-priseur nait en 1947 à Grenoble. Il est issu d'une famille d'origine turque : ses grands-parents ont dû fuir leur pays pour échapper aux persécutions menées à l'encontre des Juifs au XXe siècle. Passionnés par les objets d'art, ses parents sont des habitués des salles de ventes aux enchères.
Cette passion, transmise par la famille, s'est concrétisée lors d'un stage qu'il a effectué chez Pierre Blache, célèbre commissaire-priseur grenoblois. Cela lui a permis de clôturer ses études de Droit et de Sciences Politiques, mais également de se créer un véritable réseau de connaissances dans le domaine de l'art.
Tandis que le marché de l'art et les grandes salles de vente se concentrent sur Paris, Jean-Claude Anaf décide de prendre le contre-pied de ce courant pour prouver que la réussite est possible hors de la capitale. Il se rend alors à Lyon et décide de s'associer à Mme Françoise Hermet-Mochon.
Leur vision du métier étant différente, cette collaboration prend fin au bout de deux ans. Cela lui permet ainsi d'acquérir une certaine indépendance, nécessaire à la réalisation de ses projets novateurs.
La gare des Brotteaux : un tournant décisif de sa carrière
Son amour pour la capitale des Gaules et sa prospérité grandissante le poussent à quitter Grenoble pour s'installer à Lyon. En 1986, maître Lamy, un avocat lyonnais, fait découvrir un lieu au fort potentiel au jeune commissaire-priseur.
Ce lieu n'est autre que la gare des Brotteaux, abandonnée et menacée de destruction depuis l'arrivée du TGV. Il décide alors d'acquérir cette gare pour la réhabiliter en hôtel des ventes. Après trois ans de rénovation, le marteau de Jean-Claude Anaf peut enfin résonner dans ce monument historique de Lyon, qui est devenu une salle des ventes spectaculaire.
Véritable consécration pour « le Lyonnais au marteau d'ivoire », le pari s'avère gagnant : sa renommée s'étend dans toute la France et même au-delà. Les ventes prestigieuses se succèdent et placent la ville parmi les plus importantes dans le domaine du marché de l'art. Dès la première année d'exercice dans cette nouvelle salle des ventes, le chiffre d'affaire de Jean-Claude Anaf croit de 60 %.
Au début des années 90, il s'associe avec l'un de ses proches, maître Jean Martinon, un ancien professeur d'histoire devenu commissaire-priseur. Leurs compétences et leur expertise fusionnent et font prospérer ses affaires.
Un homme atypique
Jean-Claude Anaf, reconnu pour ses qualités de commissaire-priseur, est également un homme à la personnalité originale et aux idées révolutionnaires.
Jamais sans son nœud papillon et son marteau d'ivoire
Certains accessoires sont devenus emblématiques à Jean-Claude Anaf. C'est notamment le cas de son marteau, qui lui vaut son surnom d'homme au marteau d'ivoire. « [Il] m'a été offert par ma grand-mère qui a beaucoup compté dans ma vie. Je ne pourrais vendre avec un autre. ». Souvent jugé de superstitieux pour son attachement à cet objet qui le suit dans toutes ses ventes, Jean-Claude Anaf rend en fait hommage à ses origines dont il est fier.
L'homme se décrit comme quelqu'un de timide, un personnage discret, presque secret sur sa vie personnelle. Toujours tiré à 4 épingles, il n'apparait jamais sans son nœud papillon, qui est presque aussi connu que lui. Ce style unique qui lui est propre ajoute au personnage un capital sympathie et une singularité qui renforcent sa notoriété.
Des idées révolutionnaires
Plus qu'un simple commissaire-priseur, Jean-Claude Anaf est un professionnel qui a su révolutionner le monde de la vente aux enchères grâce à ses idées avant-gardistes. Parmi elles, il a entrepris la transformation de certains hôtels de luxe en hôtels des ventes. Le Sofitel de Lyon en est resté le plus célèbre, véritable illustration de son incroyable carrière. Les retombées ont été presque immédiates : il est alors reconnu parmi les grands noms du milieu.
Son ambition le pousse à concrétiser ses projets : il étend l'activité de commissaire-priseur à la vente de voitures de luxe et plus seulement aux objets d'art, un véritable bouleversement dans ce milieu plutôt traditionnel.
Plus qu'une vente aux enchères, un vrai spectacle
Bien au-delà d'une passion pour les beaux objets, Jean-Claude Anaf a surtout un goût particulier pour la vente. Convaincre le public de lui faire confiance, animer une salle des ventes, tenir les acheteurs en haleine : il maitrise son art à la perfection. Son talent lui a valu sa réputation et chacune de ses ventes est un spectacle. Le prestige de la gare de Brotteaux, les acheteurs venus des quatre coins de la France, la beauté des objets mis en vente et la présence de l'homme au marteau d'ivoire derrière le pupitre font de chaque vente un véritable show.
Les plus belles ventes de Jean-Claude Anaf
Les coups de son marteau d'ivoire ont retenti pour concrétiser des ventes parfois très prestigieuses. Pour arriver à un tel niveau, le commissaire-priseur fait une sélection méticuleuse des objets éligibles à la vente. Qu'ils proviennent du dépôt de bilan d'une entreprise, de particuliers, ou d'une succession, chaque détail doit passer sous son œil expert.
Certains de ses « Adjugé, vendu ! » ont ainsi marqué des ventes d'objets très prestigieux, parmi lesquels :
- Jeune femme au chat, une huile sur toile de Léonard Foujita vendue 403 900 € en 1988 ;
- Les Clowns Musiciens, une huile sur toile de Bernard Buffet vendue 846 000 € en 1990 ;
- Deux danseuses d'Edgar Degas, une œuvre en fusain et pastel vendue 270 000 € en 2005 ;
- Un meuble en chêne de Paul Dupré-Lafon vendu 160 000 € en 2005 ;
- Le Maître, tableau de San Lucchese vendu 360 000 € en 2006.